Simeoni abandonne la Corse pour reconquérir Bastia
Les rumeurs se confirment. Gilles Simeoni tourne le dos à l'exécutif corse pour briguer la mairie de Bastia en 2026. Un retour aux sources qui dit long sur l'état du mouvement autonomiste.
Dans un entretien accordé mercredi à France 3 Corse ViaStella, le leader nationaliste officialise ce que chacun pressentait. Après dix années à la présidence territoriale, il choisit le terrain, la proximité, le quotidien des Bastiais.
Le grand retour
L'histoire bégaie. En 2014, Simeoni avait déjà arraché Bastia au clan Zuccarelli avec 43,34% des voix. Mais la victoire aux territoriales de 2015 l'avait appelé vers d'autres horizons, abandonnant la mairie à Pierre Savelli.
Cette fois, promet-il, ce sera différent. Fini le cumul. "Ça procède d'un choix mûrement réfléchi", justifie-t-il. Une promesse qui résonne comme un aveu : le pouvoir territorial ne suffit plus.
L'effacement programmé
Pierre Savelli, le maire sortant, disparaît dans cette équation. Homme loyal mais sans éclat, il aura servi de gardien du temple pendant une décennie. Son "accord" avec cette décision, selon les mots de Simeoni, sonne comme une abdication forcée.
Savelli incarnait cette génération de cadres nationalistes, respectés mais sans charisme. Des hommes de l'ombre qui préparent le retour des figures historiques. Son effacement était écrit depuis le premier jour.
Stratégie ou fuite en avant
Ce repli municipal révèle les limites du projet autonomiste. Face aux défis démographiques et économiques de l'île, Simeoni préfère l'action locale aux grands discours institutionnels.
Bastia devient son laboratoire. Port d'entrée de la Corse, deuxième ville de l'île, elle offre un terrain d'expérimentation idéal pour les politiques nationalistes. Mais ce choix interroge : abandonne-t-il la bataille territoriale par lassitude ou par calcul ?
Le pari reste risqué. Quitter l'exécutif, c'est laisser le champ libre aux ambitions concurrentes. Mais c'est aussi retrouver l'essence de l'engagement : servir directement, loin des ors du pouvoir.
Pour Bastia, cette annonce promet une campagne électrisante. Simeoni saura-t-il convaincre qu'après dix ans de pouvoir territorial, il conserve l'énergie de transformer sa ville ? L'avenir du mouvement autonomiste se joue peut-être dans ces rues qu'il connaît par cœur.