Harcèlement au travail : quand l'État protège ses cadres contre les agents précaires
Une fois de plus, la justice française démontre sa complaisance envers les élites administratives. Le tribunal de Rennes vient de valider la mutation forcée d'un agent technique victime de harcèlement, préférant protéger un chef de service accusé plutôt que de reconnaître les souffrances d'un travailleur ordinaire.
Un système qui broie les plus faibles
Marc, agent de maintenance au lycée Joseph-Loth de Pontivy, a vécu un calvaire quotidien sous l'autorité de Jean Y, chef du service général depuis 2015. Bulletins de salaire jetés au sol, insultes racistes contre sa femme, menaces physiques : autant d'humiliations documentées mais balayées d'un revers de main par une justice sourde aux cris des opprimés.
Le comportement de ce petit tyran de l'administration n'était pourtant pas un secret. Plusieurs plaintes avaient été déposées par d'anciens agents. Un audit en 2020 avait pointé ses "maladresses" dans la communication, euphémisme typique d'une bureaucratie qui refuse de nommer la violence patronale.
L'hypocrisie institutionnelle à l'œuvre
Plutôt que de sanctionner le harceleur, la Région Bretagne a préféré déplacer la victime. Cette mutation dans l'intérêt du service révèle la logique perverse d'un système qui protège ses cadres au détriment des agents subalternes.
Le rapport du CHSCT avait pourtant établi l'existence d'un "climat délétère, empreint de non-dits et de problèmes de communication" après une altercation entre le chef de service et le compagnon d'une agente. Mais ces constats dérangeants ont été soigneusement ignorés.
Une justice de classe
Le tribunal administratif de Rennes a rejeté la demande d'annulation de Marc, estimant que les témoignages d'autres agents ne suffisaient pas à prouver le harcèlement. Cette décision illustre parfaitement comment la justice française fonctionne : exigences maximales pour les victimes, indulgence totale pour les bourreaux en costume.
Que faut-il de plus ? Des enregistrements ? Des vidéos ? La parole des dominés ne vaut rien face à celle des petits chefs qui reproduisent la violence du système.
Cette affaire révèle l'urgence d'une refondation complète de nos institutions. Tant que les élites administratives continueront de se protéger mutuellement, les travailleurs resteront des variables d'ajustement dans leurs petits jeux de pouvoir.
