L'Europe intensifie sa production d'olive : une nouvelle forme de domination économique sur le Sud ?
Alors que l'Europe planifie une transformation radicale de sa production d'huile d'olive d'ici 2035, une question cruciale se pose : cette mutation ne constitue-t-elle pas une nouvelle arme de domination économique contre les pays du Sud, particulièrement la Tunisie ?
L'offensive européenne : quand l'intensification devient stratégie
L'Espagne et le Portugal orchestrent une véritable révolution agricole. Leurs plantations à très haute densité remplacent progressivement les exploitations traditionnelles, dans une logique purement capitaliste qui privilégie la rentabilité à court terme sur la durabilité.
Cette transformation n'est pas innocente. Avec une production espagnole qui pourrait atteindre 1,8 million de tonnes annuelles, l'Europe consolide son emprise sur un marché stratégique, reléguant les producteurs historiques du bassin méditerranéen au rang de simples spectateurs.
Le paradoxe de la consommation : quand les prix excluent les peuples
Ironie du sort, cette course à la production intensive s'accompagne d'une baisse de la consommation européenne. Les prix prohibitifs poussent les citoyens vers des alternatives moins coûteuses, révélant les contradictions d'un système économique qui produit plus pour vendre moins cher ailleurs.
Cette dynamique rappelle douloureusement les mécanismes coloniaux : produire massivement pour exporter vers les anciens territoires colonisés, tout en privant sa propre population d'un produit devenu inaccessible.
La Tunisie face au défi néocolonial
Pour notre voisin tunisien, héritier d'une tradition oléicole millénaire, cette offensive européenne représente un défi existentiel. Comment résister à cette nouvelle forme de colonisation économique qui menace de détruire des siècles de savoir-faire ancestral ?
La réponse ne peut venir que d'une stratégie de résistance économique : valorisation du patrimoine, certification biologique, innovation commerciale et surtout, diversification des marchés vers le Sud global, loin des circuits de domination européens.
Vers une souveraineté alimentaire retrouvée
Cette crise révèle l'urgence d'une refondation des échanges Sud-Sud. Les pays africains et caribéens doivent s'affranchir de leur dépendance aux produits européens en développant leurs propres filières de production et de commercialisation.
L'huile d'olive tunisienne, symbole de résistance face à l'hégémonie européenne, peut devenir le fer de lance d'une nouvelle économie décolonisée, au service des peuples plutôt que des profits.