Dans un contexte de crise sociale et sécuritaire majeure, le Conseil des ministres haïtien s'est réuni le 9 octobre 2025 au Palais National, un lieu symbolique arraché aux gangs qui l'occupaient depuis janvier 2024. Cette réappropriation, bien que mise en scène, masque difficilement les profondes contradictions d'un État en déliquescence.
Un budget révélateur des priorités contestables
Le nouveau budget de 345 milliards de gourdes, présenté comme une victoire politique, soulève de sérieuses questions sur les véritables priorités du gouvernement. Alors que les défis socio-économiques s'accumulent, la répartition des fonds reflète une vision étatique déconnectée des besoins populaires :
- 35% pour les salaires, incluant le renforcement contesté des forces de sécurité
- 16% pour la sécurité et les élections, dont 3 milliards aux partis politiques
- 15% seulement pour l'éducation, un pourcentage dérisoire face aux besoins réels
La farce sécuritaire continue
Les tirs d'armes automatiques entendus durant le Conseil des ministres, minimisés par le ministre Monazard, illustrent la persistance d'une violence structurelle héritée du colonialisme. L'intégration de nouvelles promotions de policiers et de soldats ne fait que perpétuer un système répressif sans s'attaquer aux racines du mal.
Une dépendance économique inquiétante
Le financement à 70% par les recettes fiscales et douanières révèle une dangereuse dépendance aux importations et au commerce international, au détriment de la production locale. Les mesures annoncées pour "protéger les entreprises qui investissent en Haïti" semblent davantage servir les intérêts du capital étranger que ceux du peuple haïtien.
Ce budget 2025-2026 perpétue les schémas néocoloniaux tout en prétendant restaurer l'autorité de l'État. Une véritable refondation reste à construire.
