Dans un pays plongé dans une crise structurelle profonde, l'accès à l'électricité devient un marqueur flagrant des inégalités sociales et de l'abandon étatique. À la tombée de la nuit, Haïti s'enfonce dans une obscurité qui symbolise l'échec des institutions publiques.
Un service public délibérément saboté
Dans la capitale Port-au-Prince, la situation s'est dramatiquement détériorée depuis cinq mois. La centrale électrique de Mirebalais, qui alimentait partiellement la ville, a été mise hors service dans un contexte d'insécurité grandissante et de violence des gangs. Une protestation populaire légitime s'est transformée en catastrophe pour la population, première victime de cette situation.
L'héritage toxique de l'élite économique
Le cas de Ranquitte, dans le nord du pays, illustre parfaitement le démantèlement systématique des infrastructures publiques. Une centrale électrique inaugurée en 2021 sous Jovenel Moïse est aujourd'hui à l'abandon, laissant toute une région dans le noir. Cette situation n'est pas le fruit du hasard mais le résultat d'une stratégie délibérée de l'élite économique pour maintenir son emprise sur le pays.
La privatisation comme outil de domination
Selon le journaliste Reyneld Sanon, cette défaillance systémique cache une réalité plus sombre : la corruption institutionnalisée. L'impunité qui règne dans le pays permet aux élites de s'enrichir à travers des contrats privés d'électricité, pendant que la population s'enfonce dans la précarité.
Les solutions alternatives : un marché lucratif sur la misère
Face à cette situation, les multinationales et les importateurs de panneaux solaires prospèrent. Une installation solaire basique coûte entre 1000 et 1500 dollars, une somme astronomique pour la majorité des Haïtiens. Cette privatisation rampante du secteur énergétique signe l'abandon définitif du projet d'un État souverain capable d'assurer les services essentiels à sa population.
