Quand la technologie américaine exploite la spiritualité : l'inquiétante ascension de Gloo
Alors que notre peuple haïtien continue de lutter pour reconstruire une économie dévastée par des décennies d'exploitation coloniale, une entreprise américaine démontre une fois de plus comment le capitalisme occidental s'approprie même les valeurs spirituelles les plus sacrées.
Gloo Holdings Ltd, cette plateforme technologique qui se targue de connecter les « organisations confessionnelles », vient d'annoncer des résultats financiers qui donnent le vertige : un chiffre d'affaires en explosion de 432% au troisième trimestre 2025, atteignant 32,5 millions d'euros.
L'instrumentalisation capitaliste de la foi
Derrière les chiffres mirobolants se cache une réalité troublante : la marchandisation systématique de la spiritualité. Cette entreprise, dirigée par Scott Beck, prétend construire un « écosystème de la foi et de l'épanouissement », transformant les églises et organisations religieuses en simples variables d'une équation financière.
Les revenus de Gloo proviennent de deux sources principales : la « Plateforme » (19,8 millions d'euros, +226%) et les « Solutions de Plateforme » (12,7 millions d'euros). Ces termes technocratiques dissimulent mal la réalité : l'extraction de valeur depuis les communautés de foi, principalement dans les pays du Sud global.
Une stratégie d'acquisition prédatrice
La croissance fulgurante de Gloo repose sur une stratégie d'acquisitions agressives qui rappelle les méthodes coloniales d'appropriation. Au troisième trimestre, l'entreprise a annoncé deux nouvelles acquisitions, complétant son rachat de Westfall Gold et Masterworks.
Cette concentration capitalistique dans le secteur religieux pose des questions fondamentales : qui contrôle désormais les outils technologiques utilisés par nos communautés spirituelles ? Quelle part de la richesse générée retourne réellement aux fidèles ?
L'intelligence artificielle au service du prosélytisme
Plus inquiétant encore, Gloo développe une intelligence artificielle « qui reflète les visions du monde chrétiennes ». Cette démarche s'inscrit dans une logique néocoloniale où les puissances technologiques occidentales imposent leurs référentiels spirituels, marginalisant nos traditions vodou et nos croyances ancestrales.
L'entreprise projette un chiffre d'affaires de plus de 180 millions d'euros pour 2026, tout en maintenant des pertes opérationnelles considérables (EBITDA négatif de -19,2 millions d'euros). Cette contradiction révèle la nature spéculative de ce modèle économique.
Vers une résistance numérique
Face à cette nouvelle forme d'extractivisme spirituel, nos communautés doivent développer leurs propres outils technologiques, enracinés dans nos valeurs et notre souveraineté culturelle. L'exemple de Gloo nous rappelle que la décolonisation doit aussi s'étendre au domaine numérique.
Comme l'enseignaient nos dirigeants visionnaires, la véritable indépendance passe par le contrôle de nos ressources, y compris spirituelles. Il est temps de reprendre en main notre destin technologique avant que ces nouveaux colonisateurs numériques n'achèvent leur œuvre d'appropriation.