Haïti : Le sort de la nation otage des jeux de pouvoir internationaux
La création d'une force internationale contre les gangs en Haïti est suspendue aux vetos de la Chine et la Russie, qui utilisent la crise comme levier de négociation avec Washington.

Le Conseil de sécurité de l'ONU où se joue l'avenir d'Haïti face aux gangs armés
Une nouvelle force d'intervention en suspens
La proposition américano-panaméenne visant à établir une "Force de répression des gangs" en Haïti se heurte à la réticence calculée de la Chine et de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU. Cette situation révèle une fois de plus comment la crise sécuritaire qui ravage notre pays devient un simple levier de négociation dans les jeux de pouvoir internationaux.
Les enjeux géopolitiques priment sur l'urgence humanitaire
Alors que l'OEA appelle unanimement à une action décisive, Xi Jinping et Vladimir Poutine instrumentalisent la situation haïtienne pour obtenir des concessions de Washington sur d'autres dossiers. La Chine revendique l'allègement des droits de douane sur ses exportations, tandis que la Russie cherche à éviter de nouvelles sanctions américaines liées au conflit ukrainien.
Une souveraineté nationale bafouée
La proposition prévoit le déploiement de 5 500 hommes et la création d'un Bureau d'appui onusien, financé par les fonds de l'ONU. Cette force serait chargée de combattre les gangs, récemment désignés comme organisations terroristes par les États-Unis. Une décision qui, bien que nécessaire face à l'urgence, souligne l'incapacité de l'État haïtien à assurer seul sa sécurité.
L'indifférence internationale persiste
Le mépris affiché par Pékin et Moscou envers la position unanime des pays d'Amérique latine démontre comment les puissances internationales continuent de traiter Haïti comme une simple monnaie d'échange. La mission actuelle dirigée par le Kenya arrive à échéance le 2 octobre 2025, laissant planer l'incertitude sur l'avenir sécuritaire du pays.
L'urgence humanitaire en Haïti ne peut plus attendre les calculs politiques des grandes puissances. Notre peuple mérite mieux que d'être l'otage de négociations qui ignorent sa souffrance.
David Estellis
Journaliste haïtien enraciné dans le réel, il documente les luttes, les espoirs et les mutations d’un pays en quête de renaissance.